Vous parlez toujours d'aliments en purée, mais quelle est leur consistance ?
On peut la comparer à une crème caramel ou à un yaourt ferme.
Non seulement réduire la nourriture en purée, mais aussi la faire ressembler le plus possible à l'original, c'est une cuisine très élaborée, non ?
Tout à fait. Je vais vous donner un exemple : Si je vous prépare un émincé, j'ai terminé dès que je l'ai sorti de la poêle. Pour les personnes ayant des problèmes de déglutition, c'est à ce moment-là que le travail commence vraiment. Après la cuisson dans la poêle, l'émincé est réduit en purée, puis nous le dressons dans un moule, puis nous le congelons, puis nous le renversons dans l'assiette. Ce sont encore des processus qui demandent beaucoup de travail. Mais l'effort en vaut la peine et je suis reconnaissant que nous ayons la possibilité de mettre cela en œuvre chez nous. Je suis convaincue que manger ce dont on a envie contribue à la guérison.
Y a-t-il en fait quelque chose qui vous manque de votre ancienne vie professionnelle à St-Moritz ?
Non, mais je veux être honnête : Au début, j'ai eu du mal. Moritz, j'évoluais dans certains cercles, j'avais un autre public, d'autres collègues aussi. J'étais aussi de temps en temps dans les médias. Je cuisinais pour les beaux et les riches. Mais j'ai maintenant 54 ans, j'ai vu tout cela, et à un moment donné, j'ai eu un déclic : J'ai remarqué que cuisiner pour les personnes de la fondation pour l'épilepsie avait beaucoup plus de sens pour moi. Ici, on peut rendre les gens si heureux avec si peu de moyens, si simples. Leurs réactions sont sincères, leur reconnaissance l'est aussi. Ils apprécient vraiment ce que nous faisons pour eux, cela me fait énormément plaisir.