EH : Aujourd'hui, vous êtes indépendant et conseillez la restauration sur le thème de la cuisine végétalienne. Comment en êtes-vous arrivé là ?
PH : Après avoir travaillé au Hiltl, j'ai su que je voulais rester dans ce domaine. Après avoir voyagé en Californie, où la cuisine végétalienne est beaucoup plus avancée, et en Asie, une région où l'on trouve traditionnellement de nombreux plats végétaliens, il était clair pour moi que je me mettrais à mon compte. Je voyais dans le domaine végane un grand potentiel dans la gastronomie - notamment pour les formations de cuisiniers, pour le développement de recettes et en tant que conseiller.
«Environ un cinquième des Suisses sont flexitariens.»
EH : Il n'y a qu'un pour cent de végétaliens en Suisse. Pourquoi un restaurateur devrait-il cuisiner pour une si petite minorité ?
PH : Il ne s'agit pas seulement des végétaliens, mais aussi des nombreux flexitariens, qui renoncent délibérément aux produits animaux plusieurs jours par semaine. Et il ne faut pas oublier que la proportion de végétaliens augmente massivement, notamment chez les jeunes.
La gastronomie ne peut pas se soustraire à la thématique climatique actuelle. C'est le seul moyen de parvenir à une conscience responsable dans le traitement des hommes, des animaux et de la nature. Nous, les cuisiniers, pouvons ainsi montrer que ne pas consommer d'aliments d'origine animale ne signifie pas y renoncer, mais que cela permet de découvrir de nouveaux plaisirs culinaires.
EH : On entend souvent dire que la cuisine à base de légumes est beaucoup plus compliquée. Comment voyez-vous cela ?
PH : Cuisiner avec des légumes peut être fastidieux, surtout si l'on prépare tout. Mais je ne fais plus cela, car je cuisine selon le principe de mon livre de cuisine «Leaf to Root», c'est-à-dire que je traite toutes les parties du légume. Ainsi, je fais cuire un céleri entier au four sans l'éplucher. Cette approche permet de travailler rapidement et facilement. Dans le domaine professionnel, c'est en effet très important.